Team Moto Ain a longtemps fait figure d’épouvantail en Superstock, allant jusqu’à remporter la Coupe du monde d’endurance FIM en 2018-2019. Puis a été prise une décision ambitieuse : celle de monter en Formula EWC avec Yamaha pour se frotter aux meilleures équipes. Mais de nombreuses difficultés ont frappé Pierre Chapuis et ses hommes, qui ont préféré jeter l’éponge début 2024, non sans s’être battus. Aujourd’hui, plus rien n’est pareil.

Une nouvelle histoire

Il peut être surprenant de revoir Team Moto Ain au départ des 24 Heures Motos, mais tout s’explique. « Il y avait un ras-le-bol. La motivation s’est estompée, et à la fin, c’est devenu plus un calvaire qu’autre chose. Différents événements m’ont fait fermer ma société au début de l’année passée. Mais Pierre Gelas m’a invité à la dernière manche du Championnat de France 2024. J’y ai découvert une équipe très sympathique, très performante aussi dans les stands. Ça m’a redonné l'envie de courir », affirme Pierre Chapuis.

Pierre Gelas est champion de France d’endurance 2024 en Ultimate Cup Moto – avec Jordy Manneveau – et roule avec Team Moto Ain depuis 2009. Ça a été un déclic. « Pierre et Jordy voulaient goûter au plus haut niveau possible. Je leur ai conseillé de s'engager en Formula EWC, avec Michelin », précise-t-il. Cependant, la démarche n’a plus rien à voir. « On ne revient pas du tout avec le même format. Maintenant, j’ai une association et j’accompagne simplement des pilotes pour qui j’effectue une prestation. Je leur amène mon expérience, le matériel, pour qu’ils fassent la meilleure performance possible », poursuit Pierre Chapuis.

L’identité du Team Moto Ain est toujours là, bien sûr, mais les ambitions sont totalement différentes : « Ils savent qu’ils ne peuvent pas jouer devant en Formula EWC, mais ils veulent que tout soit fait sérieusement dans une équipe sûre. On a gardé l'appellation « Moto Ain », car c’est celui de mon association, et ça peut les aider à trouver des sponsors. Mais tout le monde est conscient qu’on sera très loin des performances que l’on faisait avant ». Team Moto Ain était une structure importante en catégorie reine, qui s’est permis, au cours de son histoire, de recruter des grands noms, comme Randy de Puniet et Bradley Smith. Il y a deux ans, la Yamaha #96 s’est élancée en quatrième place aux 24 Heures Motos, un exploit que Pierre Chapuis sait inatteignable en 2025 : « Le but du jeu, c’est de se faire plaisir. Nous n’avons aucun objectif de résultat ; simplement, qu’on donne tous le meilleur de nous-même. Je tiens quand même à souligner qu’il y a des éléments très compétents dans le staff, je n’y serais pas retourné avec n’importe qui. C’est un défi qui me plaît même si les ambitions ne sont pas les mêmes. »

Une indépendance revendiquée

Dans différentes interviews, Pierre Chapuis n’a jamais caché que la relation avec Yamaha a été l’une des causes de la fin de l’épopée. Il a même été jusqu’à qualifier le passage en Formula EWC d’« erreur » peu après son retrait de la compétition. Pourtant, Pierre Gelas, Jordy Manneveau, Vincent Ferré et le pilote de réserve Thomas Wolfarth seront au guidon d’une Yamaha YZF-R1 aux 24 Heures Motos. « Il n’y a aucun lien avec Yamaha », revendique-t-il. « C’est juste que je connais cette moto par cœur. Ils roulent déjà avec des R1 en Ultimate Cup Moto, et, vu qu’ils ont du matériel, ça facilite la tâche. La démarche aurait été identique avec une autre marque. On est totalement indépendants. »

Il est difficile d’abandonner les paddocks après 27 ans de présence continue. Ce retour sans prétention est l’occasion idéale de se réinventer, mais surtout, de retrouver une motivation perdue. Pierre Chapuis ne veut pas griller les étapes et aborde cette édition de manière apaisée. « Éventuellement, ça peut me pousser à relancer un programme, mais je ne le ferai pas dans les mêmes conditions qu’avant. Si on revient vraiment, il faut que les exigences soient en adéquation avec ce qu’on a. Si c’est pour se battre avec trois bouts de ficelle contre des équipes d’usines, ce n’est pas la peine. Ou alors, faire comme je le fais aujourd’hui, avec des « gentlemen riders ». C’est quelque chose qui m’intéresse », conclut-il.

Ces 24 Heures Motos seront l’occasion d’assister au retour d’un historique du Championnat du monde, qui a tant fait vibrer les fans d’endurance par le passé.