Ce n’est pas pour ralentir la moto à l’aide de leur pied que les pilotes sortent leur jambe à l’approche de certains freinages du circuit Bugatti. La semelle de leur botte ne résisterait pas longtemps au frottement contre le bitume. Il s’agit d’une technique de pilotage assez récente. Elle porte un nom : the Doctor’s pendulum (le balancier du docteur en français), du surnom du premier pilote à l’avoir expérimenté, Valentino Rossi, nonuple Champion du monde des Grands Prix.

Tel un funambule

Alors pourquoi les pilotes ont-ils besoin de jouer ainsi les équilibristes ? « Au début, lorsqu’on a vu ce phénomène apparaître en Championnat du monde MotoGP, personne n’arrivait véritablement à l’expliquer. C’est lorsque j’ai essayé que j’ai compris qu’il y avait un réel intérêt », explique Etienne Masson, pilote de la Suzuki #12 de Yoshimura SERT Motul. Les machines ne cessent de s’améliorer tandis que les pilotes s’emploient à gagner de précieux dixièmes de seconde. Les forces de décélération sont très fortes et le freinage des machines est chaque année plus puissant. Lors des phases de fort ralentissement, le poids est tellement transféré sur l’avant de la moto que les pieds des pilotes glissent naturellement des cale-pieds. « C’est une façon de trouver un peu d’équilibre et de stabiliser la moto pour aborder les virages en étant le plus stable possible. On peut comparer ça à un funambule qui s’aide d’une grande perche pour rester d’aplomb », précise le vainqueur des 24 Heures Motos 2015.

En sortant leur jambe, les pilotes abaissent ainsi le centre de gravité de la moto. Cela permet d’améliorer l’efficacité du freinage. « Lorsqu’elle commence à partir en glisse, ça me permet de me rattraper un petit peu et de garder la roue arrière au sol », fait savoir Martin Renaudin, pilote de la Yamaha #36 de 3ART Best Of Bike engagée en catégorie Superstock.
En outre, physiquement, les pilotes s’y retrouvent également. En sortant la jambe, ils ouvrent l’angle de leur hanche et cela leur offre une meilleure stabilité au guidon. Ils parviennent à mieux se tenir et à avoir plus de force sur le haut du corps. En résumé, une plus grande maîtrise de leur machine.

Le circuit Bugatti propice à ce phénomène

Les spectateurs des 24 Heures Motos peuvent observer ce phénomène aux virages de la Chapelle et du Garage Vert, à la chicane du Chemin aux Bœufs ou aux S Bleus.
Plus globalement, les pilotes ne conduisent pas qu’avec les bras. L’utilisation de leurs jambes est indispensable pour piloter de manière rapide et efficace. Leurs jambes sont d’ailleurs beaucoup plus puissantes que leurs bras.

Précisons que cette technique n’est pas transposable à la conduite sur route. Elle serait même dangereuse.