Combien de spectateurs remarqueront la spécificité de cette Metiss quand elle sera noyée dans la meute des 55 motos admises au départ des 24 Heures ? La machine développée à Vibraye dans la Sarthe mérite pourtant bien ce petit zoom. « Depuis 2006, nous mettons au point notre propre moto basée sur une Suzuki GSX-R, explique Stéphane Vade, le directeur de l’équipe. Ce prototype a la particularité d’être équipé d’un train avant nommé JBB (pour Jean-Bertrand Bruneau), un concept qui remplace la traditionnelle fourche télescopique par un "double triangle". »

Une moto sans fourche… D’accord pour les concours d'élégance, mais quid de son efficacité ? C’est par ses résultats en Endurance que l'équipe répond à la question : 10e aux 24 Heures Moto 2010 et 12e en 2011 avec, à chaque fois, une victoire en catégorie Open à la clé. « Notre suspension possède l’avantage de ne pas engendrer de variation d’empattement, révèle Stéphane Vade (voir animation ci-dessous). En conséquence, les capacités de freinage et d’accélération sont supérieures à celles des autres motos. C'est ce que nous prouvons en étant toujours parmi les meilleurs en vitesse de pointe. La rigidité du système permet aussi une grande précision de guidage et un meilleur ressenti pour le pilote. »

Si de grands constructeurs se sont déjà intéressés de près à l'idée, aucun d’entre eux ne l’a encore adoptée. Dailleurs, le directeur de l’équipe l'admet volontier : la suspension révolutionnaire reste perfectible et n’a pas démontré son plein potentiel. « Nous devons travailler sur l’allégement du disque de frein avant, acquiesce-t-il. Par ailleurs, nous exploitons un cadre d’ancienne génération, trop lourd lui aussi. Une nouvelle Metiss, plus moderne, est déjà dans nos cartons… Il ne nous reste qu’à trouver de nouveaux partenaires financiers pour l’exploiter dès l’année prochaine ! »

A défaut d’investir dans le projet, chacun peut soutenir l’équipe Metiss en adhérant à sa page Facebook.

Photo : LE MANS (SARTHE), JOURNEES TEST DES 24 HEURES DU MANS MOTO, 23 AOÛT 2012. Stéphane Vade (à gauche) avec ses pilotes Cyril Huvier, Christophe Michel et Emmanuel Cheron.

Animation : Cette démonstration montre les faibles variations d'empattement d'une moto « JBB », comparées aux fortes variations observées sur une moto à fourche télescopique.