Comment les pilotes négocient-ils les virages du circuit Bugatti ?
Retour

Comment les pilotes négocient-ils les virages du circuit Bugatti ?

Parmi les virages emblématiques du circuit Bugatti, le Garage Vert s’impose comme un passage technique, piégeux et exigeant. Il met à rude épreuve les pilotes. Pour mieux comprendre comment ils l'abordent, nous avons recueilli les explications de Baptiste Guittet, pilote du Team 18 Pompiers Igol CMS Motostore.

Le virage du Garage vert est négocié après celui du Musée. Précédé d’une ligne droite où les pilotes atteignent une vitesse importante, il est constitué de deux virages à droite successifs pour former un U. « C’est un virage assez lent du circuit, assez technique aussi puisque nous l'abordons en 4e vitesse. Nous arrivons sur un gros freinage qui est en descente et bosselé », décrit Baptiste Guittet. Ce relief spécifique rend le freinage particulièrement instable : « Ça nous pousse vraiment sur l’avant de la machine, et ça ne nous aide pas à nous ralentir pour bien entamer le virage. » Résultat : les pilotes doivent gérer une forte sollicitation de la fourche avant, et parfois même, une perte de contact de la roue arrière avec le sol (un stoppie, NDLR). Ce n’est pas un hasard si les spectateurs, spécialistes comme néophytes, aiment se poster à cet endroit pour observer ce phénomène.

Un double point de corde à ne pas rater

Le Garage Vert est aussi un virage à double point de corde, ce qui impose une trajectoire complexe et millimétrée : « Nous rentrons une première fois à l’intérieur du virage où nous venons chercher ce qu’on appelle le point de corde. Nous relâchons le frein petit à petit. Nous écartons notre trajectoire pour chercher l’extérieur, puis nous réaccélérons pour viser le deuxième point de corde. Une fois que nous l’avons passé, nous redressons la moto vers le vibreur extérieur en sortie de virage. »
Cette méthode permet de conserver un maximum de motricité à la sortie tout en limitant la perte de temps dans cette section lente.

La négociation de ce virage repose autant sur la trajectoire que sur la gestion du corps du pilote. C’est pourquoi une bonne préparation est essentielle : « Nous commençons à désaxer notre corps de la moto et, au moment de l’amorce du freinage, nous sommes déjà presque placés pour rentrer dans le premier droit. » Puis c’est le moment du gros freinage : « Nous nous redressons et tendons les bras, ce qui favorise le transfert de masse vers l’avant. »

A ce moment-là, la moindre faute peut coûter cher. « Si nous sommes trop brutaux sur le frein avant, et si le transfert de masse s’effectue trop durement, nous déséquilibrons la moto et perturbons notre entrée dans le virage », explique Baptiste Guittet. Les conséquences peuvent aller de la perte de temps à la chute.
Passée cette difficulté majeure, il ne s’agit plus que de suivre la bonne trajectoire et de conserver une bonne vitesse de passage.

  • Sur cette photo, Baptiste Guittet a terminé sa phrase de freinage et place sa Yamaha au point de corde du virage.
  • Ici, le pilote de la Yamaha #18 écarte sa trajectoire pour chercher l'extérieur avant de plonger dans le deuxième virage à droite.
  • Maintenant, Baptiste Guittet redresse sa machine progressivement et s'apprête à sortir du virage.
  • Sur cette photo, Baptiste Guittet a terminé sa phrase de freinage et place sa Yamaha au point de corde du virage.
  • Ici, le pilote de la Yamaha #18 écarte sa trajectoire pour chercher l'extérieur avant de plonger dans le deuxième virage à droite.
  • Maintenant, Baptiste Guittet redresse sa machine progressivement et s'apprête à sortir du virage.
  • Sur cette photo, Baptiste Guittet a terminé sa phrase de freinage et place sa Yamaha au point de corde du virage.
  • Ici, le pilote de la Yamaha #18 écarte sa trajectoire pour chercher l'extérieur avant de plonger dans le deuxième virage à droite.
  • Maintenant, Baptiste Guittet redresse sa machine progressivement et s'apprête à sortir du virage.
PHOTO 1/3
Sur cette photo, Baptiste Guittet a terminé sa phrase de freinage et place sa Yamaha au point de corde du virage.

Un virage redouté sous la pluie

Quand les conditions météo se dégradent, le Garage Vert devient un véritable piège. « Beaucoup de chutes ont lieu au freinage, alors que les motos sont encore droites. L’asphalte devient glissant, notamment à cause des bosses. »
Cela demande une vigilance accrue, une adaptation du freinage et une prise de risques plus mesurée. Une erreur sur ce point, et c’est la chute assurée.

La fatigue joue un rôle non négligeable. « Nous n’exerçons pas la même puissance de freinage lors des qualifications que lors de notre cinquième relais. Nous ne pouvons pas freiner à 200% à chaque tour », reconnaît le pilote. La baisse de vigilance peut conduire à des erreurs de repères ou à une mauvaise exécution de la trajectoire. Pourtant, les pilotes s’appuient sur des points de repère visuels très précis : bandes blanches, débuts de vibreurs, traces au sol… qui restent fiables même de nuit, tant le circuit Bugatti profite d’un bon éclairage.

En résumé : comment bien négocier le virage du Garage Vert ?

  • Anticiper le freinage dès la ligne droite précédente ;
  • Préparer son corps à l’entrée du virage avant de freiner ;
  • Accompagner le transfert de masse avec le haut du corps ;
  • Gérer un freinage progressif malgré la pente et les bosses ;
  • Viser les deux points de corde sans précipitation ;
  • Sortir en remettant les gaz progressivement ;
  • Et surtout, adapter son pilotage aux conditions météo et à la fatigue.

Le Garage Vert, par son profil technique et exigeant, synthétise les qualités requises en endurance : maîtrise du corps, précision, capacité d’adaptation et concentration extrême. Un virage qui, à lui seul, peut faire la différence dans une course de 24 heures.

Plusieurs concurrents de la 48e édition à l'approche du virage du Garage Vert du circuit Bugatti.
Plusieurs concurrents de la 48e édition à l'approche du virage du Garage Vert du circuit Bugatti.

Partenaires officiels

Partenaire média

Tous les partenaires